Tuesday 9 October 2007

Bush tente de bloquer la reconnaissance du génocide arménien


Trois questions à Yves Ternon, historien et auteur de plusieurs livres sur les génocides dont 'Guerres et génocides au XXème siècle' Editions Odile Jacob, 2007.

Q:La position de Bush, refusant la reconnaissance du génocide arménien par le Congrès est-elle nouvelle ? Est-elle répandue parmi les dirigeants ?

Yves Ternon: Elle n’est pas nouvelle. C’est un débat qui s’enlise aux Etats-Unis depuis des années et George Bush est manipulé par des lobbies, notamment au sein du parti républicain, qui tentent d’empêcher le vote de la loi pour conforter les relations entre les USA et la Turquie. George Bush est ignorant en matière d’histoire des génocides. Sa position est excessive et le Président américain est parmi les rares leaders à la défendre. Les historiens ne se posent plus la question de l’existence du génocide arménien, puisque c’est une évidence. Le génocide arménien, comme la Shoah et le génocide tutsi répondent à des critères très clairs.

Q:Quels sont ses critères ?

Yves Ternon: Un génocide est pratiqué par un Etat qui a sciemment planifié et préparé la destruction d’un groupe de personnes. Dans le cas du génocide arménien la question ne se pose pas. Les historiens ainsi que des parlements, des Etats et organisations internationales ont reconnu le génocide. Mais certains lobbies essayent de ménager l’Etat turc. Georges Bush ne connaît rien à rien.

Q:Plusieurs parlements, notamment en France, ont adopté des lois reconnaissant le génocide.
Yves Ternon: Que représente le débat qui se poursuit aux Etats-Unis ? Le débat aux Etats-Unis est l’une des clés qui permettraient de dénouer ce problème. Plusieurs pays ont promulgué des lois, faisant ainsi avancer le travail de mémoire, mais le débat aux Etats-Unis a une importance particulière. Si le Congrès américain adoptait la loi, l’Etat turc serait acculé, le dos au mur et il serait forcé d’entamer un travail de mémoire. La législation est la seule manière de vaincre les négationnistes au niveau politique.

Propos recueillis par Shirli Sitbon

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